mardi 15 avril 2014

Chapitre 2: Le réveil de la blessée ~




          Will se réveilla des suites d’un long sommeil sans rêve. Allongée dans un lit de modeste qualité, son étonnement acheva sa sortie du monde des songes. La chambre dans laquelle elle se trouvait n’était dotée que d’un lit, d’un chevet, et d’une table. Cela devait être la chambre d’une auberge. Les murs en bois était correctement isolés et la chaleur y était agréable. Aucune fenêtre ne lui permettait de déterminer s’il faisait jour, ou nuit.  Une bougie était allumée juste à côté d’elle sur le chevet, la cire avait coulée, sur le bois abîmé, preuve d’un long moment passé. Elle se rappela alors les évènements récents, et les souvenirs réveillèrent la douleur. Elle remarqua avec une lenteur déconcertante ses bras couverts de bandage et l’odeur de baume apaisant à la fleur de phénix. Étrangement  la souffrance semblait lointaine. Will en déduisit qu’on l’avait sans doute surchargée de calmants ou autres anesthésiants. La mort l’avait frôlée de si près…  Des larmes chaudes roulèrent sur ses joues. Sa tueuse l’avait sauvée de son propre suicide. La dernière ombre… Elle se posait tant de question à son sujet.  Elle qui devait tuer si souvent, elle l’avait sauvée. Comment cela était-il possible ? Sûrement une défaillance de sa part… Et quand elle se rendrait compte de son erreur, elle reviendrait la tuer. Elle songea alors à s’enfuir, mais elle n’avait nul endroit où se réfugier. La seule personne qu’elle adorait avait engagé quelqu’un pour la tuer. Elle n’avait plus rien. Elle voulait pleurer, hurler, mais elle se sentait tellement fatiguée qu’elle n’en fit rien. Des conversations s’échappaient  de derrière la grande porte qui lui faisait face. Elle parvenait à écouter, mais pas à comprendre. Elle repensait au regard inquiet qu’elle avait vu sur Eliwan juste avant de s’évanouir. C’était elle qui avait dû l’emmener ici. Elles avaient sautées d’une fenêtre, et Eliwan avait atterrie la première, sur le dos. Comment avait-elle put survivre sans se briser la colonne vertébrale… L’inquiétude la gagna, entrainant de la surprise. Etait-elle indemne ? Blessée ? Pourquoi diable la victime se faisait elle du souci pour son bourreau ?


          La porte s’ouvrit, mettant fin à ses questions. Un jeune homme brun de peau entra. Ses yeux étaient si clairs, qu’on eut dit qu’ils étaient aveugles. Reflet de ses cheveux longs, d’un blanc immaculé, la peur se lisait dans le regard qu’ils offraient. Le contraste ainsi formé lui donnait des allures fantomatiques. Il était vêtu d’un simple pantalon et d’une tunique ouverte sur la pilosité de son torse, blanche elle aussi. Il resta dans l’encadrement de la porte en voyant que Will était réveillé. Il ouvrit la bouche, mais avant qu’il ne puisse prononcer le moindre mot, il fut bousculé par une femme beaucoup plus petite que lui en taille, mais bien plus dangereuse : Eliwan. Elle se planta entre l’homme et le lit. Sa posture était déterminée et sûre d’elle. Elle portait un pantalon de cuir noir, accompagné d’un corset de la même couleur. Sa peau pâle avait pourtant un grain doré, comme les peaux mattes restées trop de temps dans l’obscurité.  Will aurait voulu avoir peur, mais elle était ébahit par la jeune femme androgyne. Ses cheveux courts, coupés grossièrement sans doute dans le but de ne pas gêner ses manipulations lui donnaient un côté sauvage et hostile. Sa bouche rose comme une grenade ouverte semblait figée en un rictus froid et manipulateur. Will imaginait quelles épreuves avaient bien pu sculpter une telle expression et un tel regard sur ce visage si beau. Les yeux d’Eliwan étaient d’une couleur chaude qui aurait pu invoquer la bienveillance et la protection, pourtant ils ne montraient que de la glace, comme le paysage gelé que Will avait l’habitude de voir chaque matin. 


          La jeune femme aboya un ordre inintelligible pour Will, qui      était encore sous l’effet des sédatifs. L’homme, dont la peur était évidente s’approcha du lit, les mains en évidence, afin de ne pas effrayer la blessée. Will réagit à peine, toute son intention était fixée sur la tueuse. Celle-ci était restée en retrait mais observait avec intention le moindre mouvement de l’homme. Il était un médecin, sans doute avait-il une dette envers Eliwan, pour lui obéir comme cela. Il entreprit de retirer les bandages de Will pour regarder les blessures. Ses gestes tout comme son regard était doux, et sa voix rassurante. 

-Les… ures… voie de guérison, elle… pas en danger. C’est tout ce qu’elle comprit de la phrase qui avait accompagné le grand sourire du médecin. La voix plus grave et plus froide d’Eliwan lui répondit :

-… arfait. Quand… ra-t-elle guérie ? 

-Elle… ra des cicatrices, …ais elle pourra… tôt réutiliser … bras normalement. Elle … sous anesthésie, elle … a se réveiller  lentement, et … douleur se revei… ra aussi. Il y a des … almants sur … table.  

Eliwan acquiesça en silence. Elle désigna la porte du regard et le médecin s’empressa de s’en aller. Will fut apeurée par son départ, sa présence la rassurait. Elle sursauta quand la tueuse s’approcha d’elle. Cette dernière remarqua le mouvement de recul de sa protégée et afficha pendant quelques instants un air peiné.  
-Tu me craignais à peine quand je suis venue te tuer, et après t’avoir sauvé, guérie, tu sembles apeurée au plus haut point. Son air dubitatif était amusant, le coin de sa lèvre s’était relevé tout comme son sourcil. Will voulu répondre, mais sa langue semblait peser une tonne dans sa bouche, et seuls quelques mots se firent entendre :
- Où ? Quand ? La tueuse eu une ébauche de sourire.
-Nous sommes dans une taverne, à deux heures de cheval de ce qui était ta maison… Et tu as dormi une journée entière. Elle ne fut pas étonnée, elle avait l’impression d’avoir dormi un siècle. Eliwan reprit :
-Je vais devoir partir cette nuit, le médecin t’aidera à bien te rétablir, et tu pourras partir à ton tour. Un nouveau sursaut agita les frêles épaules de Will.
-Mais… Je ne peux aller nulle part…
-Tu as un frère.
Un éclat de rire lui répondit. Animée d’un profond dégoût, la blessée c’était redressé et se tenait droite. 
-Pour qu’il me tue de ses propres mains ? Oui, vous me sauvez pour me renvoyer à la mort. 
-Que veux-tu que je fasse ? Tu as beaucoup de chance d’être en vie. Dans ce cas, tu devras changer d’identité et vivre ta propre vie.
-Changer d’identité ? Eliwan se rapprocha et s’assit au pied du lit. Elle soupira puis répondit :
-Ton nom, Will, est celui que je devais offrir à la mort. J’ai refusé ce décès, alors la mort m’en veut.  Alors que si tu changes d’identité, cela serait comme la mort de Will, et la renaissance  d’une nouvelle personne. Ce serait une sorte de pardon, de compensation. De plus garder un prénom offert à la mort te porterait malheur. Je me suis chargée d’une lourde dette en t’épargnant. 
-La mort… Est-ce la déesse que vous vénérez ? 
-Oui. Une réponse simple, sans appel.
-C’est car vous êtes un assassin, c’est ça ?
-Si on veut, oui. Les vies que je prends je les offre à la grande mère pour assurer le salut de mon âme, et celle de ceux que j’ai tué. Je suis une tueuse, mais je ne désire par l’errance éternelle pour mes victimes.  
-Et c’est cela qui vous menace ? L’errance éternelle si vous ne comblez pas un contrat ?
-Oui. J’ai fais le contrat de tenir chaque promesse de crime. Quand je passe un accord de meurtre, je promets d’offrir une âme à la mort, en échange, celle-ci sera pardonnée de ses péchés et se verra offrir le salut. Tout comme je serais pardonnée de mes crimes. Je ne suis pas encore assez avancée dans le chemin de la mort pour juger moi-même mes victimes, mais quand je le pourrais, je condamnerais ceux qui le méritent.



         Will en resta bouche bée. La dernière ombre prenait tout son sens : la dernière ombre avant la mort. La dernière ombre, promesse d’une non-errance dans les ténèbres. 
-Cela veut dire que c’est ce que vous risquez si je ne meurs pas ?
-Oui.

-Combien d’âmes sont en jeu ?

Il y eu un long silence, lourd de sens. 

-Combien ? Insista-t-elle.
-Environ quatre cents. 
Will ferma les yeux. Quatre cents âmes condamnées par sa faute.  Elle ne pouvait pas se le permettre.
-Non… Ma vie ne vaut pas autant d’âme…  Dit-elle, la respiration saccadée par des pleurs silencieux. Je ne peux pas vivre avec le châtiment éternel de ces gens sur le dos. Et si je mourrais ?
Eliwan regardait la fille, triste. Pourrait-elle abattre la fille après l’avoir sauver ? Non, elle en doutait sérieusement.
-Je ne veux pas que tu meurs. Avoua-t-elle. 
Will se calma instantanément. Ce fut à son tour d’être prise de compassion, cette déclaration l’avait beaucoup touchée, et quand elle répondit, sa voix avait perdu sa panique, et s’était adoucie :
-Tu as une autre solution ? 
La dernière ombre avait remarqué le passage au tutoiement, et s’en réjouît intérieurement, sans vraiment savoir pourquoi.  Elle se leva et tandis que le regard de Will lui réchauffait la nuque et la confinait dans une impression de tendresse, elle prit une des fioles sur la table en prenant son temps, dans le but de préparer sa réponse. Devait-elle lui dire ? Si oui, accepterait-elle ? Et enfin, si oui, y survivrait-elle ? Cette fille la faisait entrer dans une confusion qu’elle avait rarement ou peut-être jamais éprouver. C’est en revenant qu’elle tenta de formuler une réponse modérée :
-Si la proie tient à la vie, et que son assassin accepte, elle peut invoquer son droit d’échange. C’est-à-dire, qu’elle s’engage à tuer elle-même la personne avec qui le tueur a passé le contrat. Mais rares sont ceux à connaître ce droit. Donc…
-Il faudrait que j’assassine mon propre frère, finit-elle. 
-Oui. Mais tu n’es pas obligée de t’imposer cela. Je t’offre la vie, donc c’est ton choix.
Assise sur le lit, le regard de la blessée c’était fait distant. 
-D’accord, dit-elle d’une voix vide. Eliwan s’en voulait. Elle s’en voulait d’avoir épargné cette fille, de ne pas avoir mis fin à ses tourments. Elle qui avait l’air si fragile, comment pouvait-elle supporter de vivre en condamnant des centaines d’âmes ou en tuant son frère ? 
-Tiens, bois ça, ça va te rendormir et accélérer ta guérison.  Dit-elle en tendant le remède à sa protégée. 
-Et toi ? Répondit-elle en prenant la fiole avec suspections.
-Je vais devoir partir.
-Non !  Reste ! Je t’en prie ! 
Eliwan posa avec incertitude sa main sur celle de Will, et ce contact, bien que léger et rapide l’ébranla toute entière. Elle parvînt à la convaincre de boire le contenue de la fiole par ce simple geste et le regard qui l’accompagnait. En la voyant faire, la décision ne lui appartenait plus, c’était un sentiment complexe et inconnu qui la poussait à répondre :
-D’accord, je reste.
Sa main agrippée à celle de sa sauveuse, Will s’enfonça peu à peu dans son matelas. Quand le noir l’emmena à nouveau, elle n’avait plus peur, plus mal. Elle était rassurée, confiante, et sereine. 




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lundi 17 février 2014

Chapitre 1: Eliwan et Will Swan ~




           Le ciel était aussi blanc que la neige, si bien qu’il était impossible de discerner le moindre astre. De ce fait, Eliwan, était incapable de deviner l’heure qu'il était. Mais cela importait guère, elle était patiente. La nuit avait laissé place au jour depuis un long moment déjà, et Eliwan s’était tenue immobile tout ce temps-là. Elle avait escaladé un simple bâtiment de pierre sans difficulté malgré le gel. Et trouvant que l’angle de vue était parfait, elle s’était accroupie sur cette corniche étroite. 

      Le froid était mordant. Elle n'en laissait rien paraître. En face d’elle, légèrement en contrebas, une bâtisse luxueuse se dressait  malgré le poids du blizzard. C’était la demeure de sa proie. Cela faisait plusieurs jours qu’elle l’observait, attendant le moment propice. Son client, très proche de son argent, ne lui avait donné qu’une somme minable,  elle s’estimait donc en droit de prendre tout son temps.

         Posée comme cela dans le froid, elle semblait figée, comme une statue de marbre. Ses cheveux coupés courts agités par le vent, étaient la seule preuve de la vie qui l’animait. Elle n’aimait pas Torkol, le climat y était bien trop insupportable, ce paysage endormi sous tout ce blanc la forçait à mettre une cape de fourrure  couleur neige par-dessus ces vêtements noirs. Mais elle n’avait pas le choix, elle devait passer inaperçue.  Dans cette mission, elle était seule, son maître s’était rendu à Pandemonium afin de rendre visite à sa fille. Elle aimait aussi travailler en solitaire, et de toute façon, elle s’en sortait très bien.  Elle était la digne héritière de deux chasseurs de primes reconnus.

       Elle avait toujours adoré ses parents, Sayana et I’chil. Depuis sa plus tendre enfance ils lui avaient appris à se servir de sa petite taille comme atout. La furtivité, la souplesse, le silence, l’agilité, elle leur devait tout cela. Mais ils étaient endettés et vivaient dans la pauvreté, et quand ils se firent tués lors d’une mission commune, ce jour là, son regard perdit toute humanité, et elle n'eut d'autres choix que de prendre la relève. Elle tua sans compassion l’homme de plus de trente ans son aîné qui les avait tués. C’était sa première victime. Elle fit rapidement ses preuves auprès de la clientèle, et malgré ses seize simples années dans ce monde, sa renommée allait croissante. 

     Un jour, Klaus, un homme dragon et tueur à gage eu vent de ces exploits. Et pour la tester, il se déguisa et passa un contrat avec elle : elle devait éliminer« le dragon ». Le combat fut rude, mais Klaus l’emporta évidement avec facilité, il lui laissa le choix : La mort ou devenir apprentie. Eliwan accepta son offre et passa un contrat dont elle n’avait pas l’habitude : devenir pendant trois ans l’élève de Klaus. Son apprentissage fut long et difficile, elle tua, beaucoup. En utilisant une multitude de techniques différentes, poisons, strangulations, décapitation, égorgement… Elle devînt alors une professionnelle dans l’art du meurtre. Au bout de ces trois années, elle devînt l'associée de Klaus.
          <<-Le tueur est bruyant, brutal, cruel. L’assassin est maître du silence et des ténèbres, il fait preuve de précision et  de délicatesse. C’est un artiste. >> Lui disait son maître.
Son talent lui valut  le surnom de la « dernière ombre ». Les populations la craignaient. Elle était la main du crime, et c'est par elle que furent tués d'innombrable innocents que son maître ne pouvait exécuter en raison de la pitié qui l'animait. Quand elle fut prête, Klaus partagea une partie de son pouvoir avec Eliwan, par le biais d’un rituel de sang. Elle en ressortie plus forte et plus rapide, et ils développèrent tous deux un lien psychique qui les unissait peu importe la distance. Son maître était bel homme, mais jamais elle n’avait songé à le désirer. Apparemment, elle n’était pas intéressée par ce genre de chose. 

       Il y avait quelques semaines,  elle avait signé un contrat avec homme gras, et débordant de richesse. Une histoire d’héritage, encore. Il voulait se débarrasser de sa jeune sœur afin d’amasser lui-même tout le butin. Elle avait longuement observée la jeune femme, et traînait à passer à l’acte. Elle l’avait vu, sortir de chez elle pour boire une tasse de lait chaud. Elle avait regardé ses yeux violets et ses cheveux roses foncés. Son allure et son regard était celle d’une femme, mais son visage et sa façon de bouger évoquait une enfant. L’innocence incarnée. Au fur et à mesure des journées,  lors de son lait chaud quotidien, son sourire et l’éclat de ses yeux disparaissaient. Puis un jour, elle ne sortit plus. Will, sans doute le diminutif d'un prénom tel que Williana, ou Willi'irah, et c'était ce nom, qu'elle allait effacé du registre des vivants, ce nom, qu'elle oublierait peu de temps après le crime.  


        Eliwan avait assez attendu, et accroupie comme cela dans le froid, elle se dit que plus vite le travail serait fait, plus vite elle pourrait retourner au sud, de plus, la nuit était presque tombée, elle pourrait ainsi s’en aller sans crainte. Ici, les ténèbres noyaient le jour en pleine après-midi. Elle plongea dans le vide, freina sa chute en agrippant une pierre, et atterrit, sans bruit dans le sol enneigé. Elle avait patienté jusqu’à ce que le blizzard soit assez fort pour vite couvrir ses traces de pas. Sa longue cape blanche volant derrière elle, elle rejoignit la maison de Will. Elle se glissa contre le mur et le longea jusqu’à la porte d’entrée. Elle fouilla dans les poches internes du vêtement blanc  et en sortie du matériel de crochetage. Cette cape était un présent de Klaus, qui adorait particulièrement ce genre d’habit pour leur côté pratique. Et il avait enfin réussi à la convaincre d'en porter une. Elle déverrouilla la porte avec rapidité, et glissa une main sous sa cape afin de dégainer une dague d'argent. Elle prit une grande respiration et toute humanité quitta son regard. Elle ouvrit la porte. Cette dernière ne grinça pas, Eliwan l’avait huilée quelque jour plus tôt lors d’une absence de Will. Elle entra dans la pénombre de la maison. C’était un salon, que seul le foyer dans la cheminée éclairait. La pièce était vide, poussiéreuse et était bercée d’une étrange odeur. Pensant la trouver là, Eliwan fut étonnée. Elle traversa la pièce et fouilla chaque recoin du rez-de-chaussée, sans la trouver. Alors elle se dirigea vers l’escalier. Le lieu semblait désespérément vide, elle tendit l’oreille et resta immobile un long moment. Là ! Elle avait entendu un bruit, une respiration saccadée. Elle soupira de soulagement, il ne manquerait plus que la fille se soit échappée ! Elle entama l’ascension de l’escalier en bois, elle se fit légère et le sol ne craqua pas. Un couloir s’ouvrait devant elle, et seules deux portes se présentaient, l’une en face de l’autre. Celle de droite était fermée et plongée dans le noir, l’autre était entrouverte et une lumière claire en fuyait. C’était de là que venaient les respirations, non, maintenant, il lui semblait que c’était des sanglots. Posée devant la porte, sans y entrer, elle en observa l’intérieur. Les yeux d’Eliwan s’écarquillèrent.

         La fille n’était plus une fille. Sa belle chevelure rose d’ordinaire si bien soignée c’était transformée une crinière indomptable. Dans ses yeux, brillait une lueur désespérée et triste. Son maquillage avait coulé et formait maintenant une nappe d’ombre sur son visage, lui donnant des airs de démon. Des traînées de larmes noires striaient ses joues, comme les griffures d’une déception trop forte. Ses lèvres étaient desséchées en raison de pleurs incessants. Assise, le dos contre le mur, les genoux repliés contre sa poitrine, elle fixait le vide, jetant fréquemment des regards méfiants autour d’elle, au bord de la paranoïa. Ses avant-bras enlacés sur ses jambes nues et crasseuses, étaient souillés de sang, et révélaient des cicatrices pourpres. Ses ongles, rongés et noirs laissaient voir à quelques endroits les vestiges d’un vernis à ongles rose, comme le souvenir d’une insouciance perdue. Autour de la fille, un carnage. Les ruines d’une chambre couleur pastelles. Les meubles renversés. Le papier-peint rose imprimé, déchiré. Les peluches et édredons, éventrés. Tel le nid d’une enfance ayant trop durée. 


          Eliwan se reprit et poussa la porte, contre laquelle elle s’adossa sans quitter la fille des yeux. Will ne semblait même pas étonnée. Elle redressa la tête et soutint le regard de son assassin.
<<-Je vous attendais.>> Eliwan garda le silence. Elle ne devait pas répondre. Elle ne pouvait pas communiquer avec les proies. C’était ainsi, dans le but de ne pas être pris de compassion. Elle aurait dû y aller, l’égorger et repartir. Mais elle resta immobile et silencieuse. La jeune fille reprit :
<<-Je vois… C’est donc vous, la tueuse que ce monstre a acheté ?
     -Je ne suis pas une tueuse. Je suis une assassin, répondit-elle trop vite.
    -Oui, oui, cette histoire de dernière ombre. Vous vous rendez compte ? Il s’en vante. Partout, il raconte qu’il a embauchée la main du dragon. Dans cette contrée aussi machiste,  il se vante d’avoir employé une femme pour tuer sa propre sœur !>>
La fin de sa phrase avait été entrecoupée par des sanglots violents. La rage et la déception avaient envahi sa gorge, et elle peinait à reprendre sa respiration.
<<-Et bien ? Qu’attendez-vous ? Tuez-moi, vous pourrez avoir votre argent. Après tout, vous ne valez pas mieux que lui, sanglota-t-elle. >> Elle ne jouait pas la comédie, comme nombre des victimes précédentes d’Eliwan. Dans ses yeux brillait un réel trouble, une réelle peur, et surtout, une rancune amère et brutale. La tueuse n’agissait toujours pas. Ce n’était pas par sadisme de voir sa victime attendre la mort, mais par un sentiment qu’elle n'osait s'avouer. La compassion l’avait prise, et elle luttait contre elle. Elle avait des engagements, des contrats, elle ne pouvait pas se permettre de faiblir.
<<-Je l’aimais ! Je l’aimais !! La différence, c’est que moi, j’aurais donné toutes mes richesses pour le sauver. Lui, il me tue pour me voler ! Hurla-t-elle. Que dis-je ?! Ce n’est pas lui qui me tue ! Non ! Il vous envoie ! Mon frère… Un lâche…>> A nouveau, elle éclata en pleurs, et Eliwan ne cilla pas. La scène était désastreuse. Elle s’approcha alors et s’accroupie à deux mètres d’elle, dague en avant. 
<<-Je n’ai pas besoin de cet argent, prenez le, donnez le lui, il faudrait être bête pour accorder ne serait-ce qu’une admiration à la moindre pièce.
    -Je n’ai pas commencé à tuer pour avoir de l’argent. Je l’ai fait pour rembourser les dettes de mes parents morts. Et croyez-moi, quand vous n’avez rien. Que vous arpentez les rues à la recherche d’une âme généreuse dans le froid, et que vous ne récoltez que des moqueries… Votre corps s’affaiblie, votre moral aussi, et parfois il peut arriver qu’une simple pièce face la différence, entre la vie, et la mort. >>

Will écarquilla les yeux. C’était la plus longue tirade de sa meurtrière. Et elle l'avait prononcer d'un ton si neutre que s'en était troublant.

<<-Je ne veux pas de cet héritage. Je ne veux pas de pouvoir… Je voulais juste un frère…>> Dit-elle, ses yeux violets fixés sur la tueuse.



       Cela faisait plusieurs minutes qu’Eliwan avait remarqué une odeur étrange, et maintenant elle prit garde à la température, qui avait considérablement augmentée. Elle écarquilla les yeux, non, elle devait faire erreur. Remarquant ce brusque changement de regard, Will dit: 

<<-Vous ferriez mieux de quitter vite ses lieux, dernière ombre. C’est du bois de bliria qui brûle dans la cheminé. Je pensais que vous arriveriez plus tard, et que vous n’auriez eu que le bon loisir de constater qu’un incendie avait fait votre travail. Mais à l’heure qu’il est, le rez-de-chaussée doit déjà être envahi de flammes. Je vous ai vu descendre de ce bâtiment, en face. Si vous passez par la fenêtre, vous serez sauve. Et vous récolterez votre argent sans prendre la peine de vous salir.>> Eliwan se releva d’un bond. Le bois de bliria était réputé pour donner aux flammes un appétit monstrueux et sans fumée, qui permettait de provoquer des incendies avec une rapidité effrayante. Elle courue vers la porte de la chambre, et en effet, l’escalier était déjà consumé, et cela se propageait rapidement. Elle se précipita vers la fenêtre qu’elle ouvrit. Elle jeta un regard derrière elle, les murs de la chambres commençaient déjà à noircir, et en un temps fou, des flammes léchèrent les bords de la chambre du sol au plafond. Elle enjamba la fenêtre, s’apprêta à sauter quand une odeur de chair brûlée l’interpella, encore un regard en arrière. Will, tremblant de tout son corps regardait le feu de propager le long de son bras, rongeant sa peau. Le cœur battant, Eliwan fut prise d’une hésitation. Elle tremblait elle aussi, les flammes se rapprochaient de la fenêtre mais elle était incapable de s’enfuir. Will se tordait de douleur au sol, au bord de l’inconscience, mais sans pousser le moindre cri. Une telle dignité ne put que convaincre Eliwan. Celle-ci remonta dans la chambre, évita les flammes jusqu’à la fille, et l’agrippa là où elle ne brûlait pas. Elle la souleva et sans attendre, plongea par la fenêtre un instant avant que la chambre fut totalement prise par l’incendie. Dans les airs, elle puisa dans le plus profond point d’encrage avec son maître, Klaus, et l’étira au maximum, drainant son pouvoir. Elle avait placé la fille au-dessus d’elle, et la tenait fermement.


Impact.


     Elles avaient toutes deux atterries sur le sol blanc, grâce au temps, la couche de neige avait amorti le choc, même si celui-ci était resté violent. Eliwan, endurcie par les pouvoirs de son maître pu se redresser tant bien que mal. Elle semblait intacte mais elle sentait d’énormes hématomes se former sur son dos. Sa respiration haletante, elle tira Will plus loin, en sécurité, elle prit sa cape et en entoura la fille dont les yeux restaient entrouverts et les larmes abondantes. Le froid avait calmé la douleur de ses brûlures, et malgré ses pleurs, elle put distinguer le visage inquiet  de son assassin, puis sa maison en flamme. Elle s’écroula, et le noir fut total. 







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jeudi 6 février 2014

Meylou [Little Pullip Princess Rose]




Meylou.
[Little Pullip princess rose + Obitsu 11 cm + Yeux acryliques violets + fur wig blanche]



    Meylou est la fille de Luciana et de Klaus. Et bien que soit un dragon, elle ne semble pas en avoir hériter le moindre gène. Ses cheveux blancs et ses yeux violets offrent réflexion  car ni sa mère, ni son père ne possède ses traits physiques...

     

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Linawen [Hujoo Berry]





Linawen, Succube.
[Hujoo Berry apricot open eyes + Make-up & blush  par moi + Yeux acryliques + Wig mohair blonde]



"Elle respire les passions de la jeunesse.
Les regards s’enivrent de sa peau dévoilée,
Et chacun désire la couvrir de caresses.
Enfant juvénile qui vit par le péché
A chaque instants elle fait preuve d'allégresse, 
Linawen, si jeune et pourtant si dépravée. "



   Linawen est une démone succube, fille de Luciana et de Kirua. Âgée de 15 ans, elle est en plein découverte des conditions de son espèce: pour survivre, elle doit se nourrir du désir et du plaisir de ses amants.C'est ainsi une adolescente qui subit une forte et rapide croissance de ses atouts de femme. Elle est la fierté de sa mère avec qui elle vit, en raison de son géniteur: Kirua. Démon seigneur imbu de lui-même, que Luciana aura dominer et dont elle se sera nourrie. 

    Linawen est donc une jeune femme en devenir qui tente de séduire chaque personne qu'elle rencontre.


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vendredi 24 janvier 2014

Klaus [Taeyang Seiran]



Klaus, dragon psychique "le dragon"
[Taeyang Seiran + Animals eyes gris + Wig]

         Klaus est un dragon psychique. Les membres de son espèce sont très rares et vivent généralement dans le secret, a tel point que les dragons ne sont considérés que comme de simples légendes populaires. Il est d'apparence humaine mais possède en lui la force spirituelle d'un véritable monstre d'écaille. Il a une très longue longévité et une naturelle curiosité. Il ne supporte pas de rester inactif, ainsi c'est un grand voyageur. Il est chasseur de prime mais il est doté de compassion et n'accepte que les contrats qu'il juge corrects. Un jour il rencontre une tueuse du nom d'Ewilan. Il en fait son élève et son alliée. Par la suite, il lui transmet par le biais d'un rituel, une légère partie de son karma, qui augmente donc les capacités physiques, la résistance et la longévité de la traqueuse. Ils deviennent très proches bien que leur relation ne reste que purement amicales. 


           Plus tard il rencontre Luciana, une démone succube. Charmé par la belle il vit avec elle une passion langoureuse pendant quelques années mais finit par ne plus supporter tous ses amants. Ils se séparent mais restent proche en raison de l'enfant qu'ils auront eu ensemble : Meylou. Et ils auront parfois même de véritables aventures endiablés.


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jeudi 23 janvier 2014